Lorsqu’on est en fauteuil roulant ou qu’on a un chien-guide, la
question du diagnostic ne se pose pas tellement. Bien que l’entourage ne
connaisse pas le nom scientifique du trouble de la personne, il fait consensus
que cette personne a des besoins différents des autres. Mais dans les cas de
troubles neurologique, d’apprentissage ou de santé mentale, autrement dit, les
troubles invisibles, c’est pas mal moins évident.
Si je me fie à mon expérience avec ma clientèle, divulguer son diagnostic
à ses professeurs, collègues et voire même patrons, offre plus d’avantages que
d’inconvénients. J’admets qu’il y a quelques exceptions, comme les cas de santé
mentale pour lesquels il y a encore beaucoup de stigmatisation. La schizophrénie
fait peur. La bipolarité, bien que de plus en plus médiatisée, inquiète.
Quant aux troubles du spectre de l’autisme (TSA), je crois que de
connaître et ensuite divulguer son diagnostic aide la personne plus que de lui
nuire. Non seulement je l’observe chez mes étudiants, mais je l’ai lu dans la biographie
de dizaines de personnes Asperger (Grandin, T. (2012). Different… Not Less, Future
Horizons Inc.).
Il faut dire que les TSA ne sont pas si invisibles que ça. Les
professeurs, amis et entourage constatent un comportement visiblement
différent, mais qui peut être confondu avec de la paresse, de la mauvaise
volonté ou de l’hyperactivité.
Tout est dans la manière qu’on va expliquer à l’autre le diagnostic. À
titre d’exemple, voici comment mes collègues et moi s’adressons à des
professeurs, avec le consentement écrit de l’étudiant, pour parler d’un
diagnostic de TSA. Nous expliquons que l’étudiant a un profil d’habiletés
inhabituel. Ensuite, nous décrivons ses forces et ses talents particuliers.
Ensuite, nous expliquons quelles sont les situations qui rendent notre étudiant
plus vulnérable et comment peuvent se manifester le stress, la fatigue ou l’anxiété.
De cette façon, le message reçu par le professeur est : « Voici une personne
comme vous et moi, qui a ses particularités comme vous et moi, mais qui sont
très différentes de vous et moi. » Je
crains qu’auparavant, le message qu’on envoyait aux professeurs était : «
Vous aurez un extra-terrestre votre classe, voici comment l’aider à être plus
normal. » Bien entendu, nous aidons l’étudiant
à trouver des formulations pour présenter positivement son diagnostic. Nous
travaillons à ce qu’il intègre cette façon de communiquer.
Les gens des communications et de la politique ne nous le diront jamais
assez : Tout est dans le message !
En espérant que ce billet suscite la réflexion…
À bientôt !
Émilie Robert, c.o.